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Bordures du champ secret
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24 mai 2012

Au dix-huit mars (un champ de coquelicots)

Jeunot timide et filiforme

Cou hérissé comme d’un vieux coq

Un souffle pourrait l’abattre

Et le briser

Recroquevillé

Sur l’âcre odeur de son cœur noir

 

Combien autour de lui ?

Il ne sait pas, il ne voit pas

Juste un immense fouillis

Bruissant de souffles

Couleurs, poussière, tapage

 

Le vent le traverse et le glace

Tant de gens tout autour

Cœur décalco collé au front

Brandissant leurs drapeaux

Et tous ces poings tendus

Corolles joyeuses

Aux pliures violacées


Le vent traverse la place

Et lui claque une bise

Pour rire

Et puis enlace la foule

Qui se met à chanter

Herbe folle amoureuse

De son air froid et vif

 

Etonné il se penche

Et cueille un oripeau

Tombé à terre

L’envoie fleurir au ciel

Grand ouvert

Pégase ou cerf-volant

Son cœur galope

Avec le cœur des gens

 

Place du dix-huit mars

Au chant des calicots

Le genre humain s’envole

Place du dix-huit mars

L’orage attend son heure

Rouge

 

©  Alice Calder

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