Au dix-huit mars (un champ de coquelicots)
Jeunot timide et filiforme
Cou hérissé comme d’un vieux coq
Un souffle pourrait l’abattre
Et le briser
Recroquevillé
Sur l’âcre odeur de son cœur noir
Combien autour de lui ?
Il ne sait pas, il ne voit pas
Juste un immense fouillis
Bruissant de souffles
Couleurs, poussière, tapage
Le vent le traverse et le glace
Tant de gens tout autour
Cœur décalco collé au front
Brandissant leurs drapeaux
Et tous ces poings tendus
Corolles joyeuses
Aux pliures violacées
Le vent traverse la place
Et lui claque une bise
Pour rire
Et puis enlace la foule
Qui se met à chanter
Herbe folle amoureuse
De son air froid et vif
Etonné il se penche
Et cueille un oripeau
Tombé à terre
L’envoie fleurir au ciel
Grand ouvert
Pégase ou cerf-volant
Son cœur galope
Avec le cœur des gens
Place du dix-huit mars
Au chant des calicots
Le genre humain s’envole
Place du dix-huit mars
L’orage attend son heure
Rouge
© Alice Calder