Ainsi soit-il
CLYTEMNESTRE
Mourrai-je tant de fois, sans sortir de la vie?
A tous mes coquelicots dont la robe dansante
Chuta.
Leurs jupettes vermeil leur a donné l'enfance
Le soleil de midi, leurs joutes adolescentes
Et le coup d'oeil du peintre
Au soir d'un jour de l'éternel été
Immortalise ces fragiles et fibreuses
Couleurs.
Toute ma vie j'ai vu mourir des coquelicots
Impuissante et solide.
Un coeur si profond, du rouge offert à tous,
Des tiges négligeantes
Et la brise qui passait
Faucheuse des étés...
Toute ma vie j'ai vu mourir des coquelicots
Et pourtant le champ reste le même :
Il refuse d'exister, tout entier, magnifique,
S'obstinant à jeter de légères traces de rouge
Au bord des routes,
De rouge coquelicot.
© Mathilda