L'herbe aux femmes battues
L'herbe aux femmes battues
C’est inquiétant pour l’herbe
Avoir pris le soin de la nommer
L’herbe aux femmes battues
On sait pourquoi
Vous alliez l’oublier
Une liane
Immémoriale
Antique imploration
Elle plonge ses racines si loin
Toujours un bras pour cacher le visage
Toujours le poing frappe la cuisse
Des larmes et la bouche ouverte
Je veux dire fendue
Le goût du sang dans la morsure
Que valent les fils de laine
Le tissu léger, la bure ou la soie
C’est toujours la peau nue qui marque
Comme être seule devant la glace
Comme se blottir près de l’armoire
L’herbe aux femmes battues
C’est aussi l’herbe du silence
Autour des villages, autour des villes
Dans les taillis de la vie conjugale
La racine serrée sur la poitrine
Cette fois elle ne se cachera pas
C’est une histoire de cris, de coups
C’est une histoire entendue
Une porte de fourgon
Avec les voix de la police
Le gyrophare sur les façades
Une vieille histoire d’ambulance
Sans prétention poétique
L’herbe aux femmes battues
© jpr 14 octobre 2012