A jamais peut-être
A Saint-Elme de la boue sur la rivière Etel
A Saint Brendan des vases et de l'oubli
Plus la marée est basse mieux je vois les carcasses
Roméo et Juliette sont des navires échoués
L'esprit des marins y revient dès novembre
J'évite le cimetière du Magouër
Ce n'est pas la peur ni le regret qui m'écartent
Ce n'est pas d'y voir la vie lentement se défaire
C'est pour tous les amants que ces deux noms évoquent
Roméo et Juliette appellent tous les autres
La Mumtaz mahal, auprès d'elle le Shah
Victor Hugo le fleuve, Juliette Drouet
Et tiens, même toi et moi, en remontant l'Etel
Je fuis, je me cache pour ne pas voir s'éteindre
Toutes ces amours qui durent et qui ne durent pas
Les amours secrètes, celles qu'un palais croit tenir
Les amants disparus aux défuntes amours
Allons nous promener sur la rivière Etel
Le temps file plus vite, que le courant emporte
Mais ces coquillages et le vin de Moselle
Le chanteur au loin qui chante ta chanson
Mais l'auberge, la table et puis la chambre offerte
Qu'importent les palais, Roméo et Juliette
Pardonnez-moi, Hugo
Qu'importent les cimetières de bateaux
Les bras qui m'enlèvent ont la fraîcheur des vagues,
Des feuilles qui bruissent
Du vent
C'est une vieille histoire à conter sous la couette
Et j'ouvre ta chemise et j'ai le cœur qui bat
Tant craquent les bateaux à la marée montante
Oh, mon modeste amour
Je laisse les feux de Saint-Elme pour la pointe des mâts
Permets que je t'éclaire d'une petite flamme
Dans le noir, nous nagerons moins vite
Ne serons pas ce soir au cimetière du Magouër
A jamais peut-être
Si tu me laisses voir ce que tu caches d'ombre
© JPR Mai 2012